pollution au PCB en aval de Verdun-sur-le-Doubs
Saône : la consommation des poissons de fond interdite
Le préfet de Saône-et-Loire, Michel Lalande a signé, hier, l'arrêté : il est interdit de manger et de vendre les poissons de fond pêchés en Saône. Pour les autres… régalez-vous !
CE n'est pas une interdiction de pêche, générale et absolue, c'est une interdiction de consommer certains poissons. » Le préfet Michel Lalande, grand pêcheur devant l'Eternel, tient absolument à ce que l'on ne confonde pas tout.
Il a donc signé hier un arrêté interpréfectoral, avec ses collègues de l'Ain et du Rhône, dans lequel il est précisé que « sont interdites la consommation humaine et animale ainsi que la cession en vue de la consommation humaine ou animale de poissons benthiques (anguilles, barbeaux, brèmes, carpes, tanches et silures) pêchés dans la Saône » depuis la confluence avec le Doubs (au nord), jusqu'au barrage écluse de Dracé (au sud), sachant qu'en aval, les mêmes dispositions existent, depuis le 12 février.
Le sujet n'est pas inconnu des 30 000 pêcheurs de Saône-et-Loire, nous avions révélé cette perspective début février par la voix de Didier Bretin, président des Pêcheurs professionnels qui apprenait à nos lecteurs le constat d'une pollution du fond de la Saône par les PCB (polychlorobiphényles), autrement dit le pyralène.
Didier Bretin se déclarait hier « très étonné que les premiers intéressés ne soient pas avertis » de cet arrêté, mais aussi « extrêmement satisfait qu'enfin la préfecture ait pris une décision, sans attendre 6 mois comme cela s'est passé sur la Saône aval. Je me félicite d'avoir précipité les choses. »
Relativiser;
Le préfet Lalande, en tout cas, se veut très clair : « Pêchez un silure si vous le souhaitez, vous ne risquez rien si vous le rejetez et c'est ce que font la majorité des pêcheurs. Mais si vous prenez un sandre, ce serait dommage. Préparez-le au beurre blanc, servez avec un rully premier cru et vous régalerez votre famille. »
Le président de la Fédération départementale de pêche, Yves Soullier, tient lui aussi à relativiser le problème : « Il n'y a pas beaucoup de consommation. La majorité des silures sont remis à l'eau, et quand vous pêchez une carpe de 10 kg, ce n'est pas pour la mettre au four. Et d'autres espèces, comme le brème, sont assez rustiques, infestées d'arêtes et ne sont pas consommées… En revanche, les brochets, sandres, perches, ablettes, gardons… qui restent en pleine eau, sont à consommer. La pêche doit continuer ».
Pour les restaurants qui proposent de la friture, aucun problème non plus : elle est composée de goujons, vairons, ablettes, petits gardons et petites perches françaises.
Et comme le dit Yves Soullier : « La pêche, ce n'est pas que manger. C'est surtout un moyen de se détendre. »
Surveillance;
Le préfet confirme qu'une surveillance régulière sera opérée sur l'état de la pollution, avec des résultats d'analyses rendus publics. Quant au directeur des services vétérinaires, Thierry Coton, il affirme qu'il ne s'agit pas d'une pollution « haute et massive » aux PCB, « mais plutôt une pollution diffuse. » Elle sera, néanmoins, de longue durée.